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Dossier Productions Emergentes : Tourner le regard vers l'avenir

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Changement climatique, évolutions sociétales, effondrement des marchés, demande des consommateurs…, poussent certains agriculteurs à innover, tester, expérimenter, se former pour ajouter des cordes à leur arc, avec plus ou moins de succès mais toujours avec la volonté d’aller de l’avant.

L’amandier, une relance sur la bonne voie

En 2015, les premières discussions autour de la culture de l’amande ont été lancées à l’échelle régionale, depuis près de 2 000 hectares ont été plantés en Provence.

L’amandier a toujours fait partie du paysage traditionnel provençal mais il s’agissait avant tout d’une culture d’appoint, à petite échelle. Mais en 2015, une poignée de passionnés dont Olivier Baussan, le fondateur de l’Occitane et André Pinatel, ancien président de la chambre régionale d’agriculture qui avait oeuvré pour la lière oléicole, ont décidé de mettre sur pied un plan de relance afin de rendre cette culture plus pointue avec des rendements plus ables. « Pour arriver à cela il fallait que nous réunissions les agriculteurs, les pépiniéristes, les utilisateurs et les pouvoirs publics », se souvient André Pinatel. En 2018, un syndicat a ainsi vu le jour et couvre plusieurs départements : Alpes-de-Haute-Provence, Bouches-du-Rhône, Vaucluse et même le Languedoc-Roussillon qui ne produit pas d’amande de Provence, bien entendu. Aujourd’hui, 1 200 à 1 300 hectares d’amandiers ont été plantés auxquels peuvent être ajoutés 500 à 600 hectares via le programme porté par Arnaud Montebourg et sa Compagnie des amandes.

Une culture maîtrisée

Dans le cadre du plan de relance les rendements projetés étaient de 1 000 kg/ha comme en Espagne et l’objectif est atteint puisqu’en 2023 les amandiers d’André Pinatel ont produit 1 200 kg/ha sachant que dans leur 3e année en 2022 ils avaient produit 500 kg/ha. « 2023 a été vraiment exceptionnelle, pour-suit André Pinatel. C’est la première année que nous avons vraiment eu une bonne récolte car il y a eu deux années de gel mais les arbres sont bien repartis. Compte tenu des prix, si nous avons du gel tous les cinq ans c’est jouable. L’amandier est un arbre qui alterne mais nous maîtrisons bien les procédés de stockage au froid avec un humidificateur donc nous pouvons répondre favorablement à la demande. »

« L’amandier est bien adapté au terroir bas-alpin aussi bien au niveau du sol que du climat, explique Virginie Eymard, technicienne à la chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence. Toutefois, il faut bien choisir la zone d’implantation, qu’elle ne soit pas trop gélive, qu’il y ait l’arrosage bien choisir ses variétés et anticiper ses débouchés. L’amandier produira bien s’il est bien planté et bien mené. Les premières années, il faut faire une taille de formation ensuite à partir de la 5e ce sera de l’entretien.

Au niveau des traitements il y a quelques maladies du feuillage à encadrer au moment de la floraison et des fongicides à faire en cas de pluie. Il faut également prévoir un traitement sur la guêpe de l’amande en avril. Le nombre d’interventions est à peu près similaire à celui de l’olivier, ajoute-t-elle. En plus, l’amandier est bien suivi dans les bulletins de surveillance où les indications de traitement sont données. Il faut prévoir d’arroser les premières années sinon les rendements ne seront pas suffisants. Ce n’est pas comme un olivier qui va grandir lentement. »

Les principaux utilisateurs de ces amandes de Provence sont les confiseurs et les nougatiers, d’ailleurs pour la première année les Calissons du Roy René ont pu faire une production avec des amandes de Provence.

« Tant que les utilisateurs joueront le jeu et ne descendent pas en dessous de 8 € le kg, cela sera rentable. Aujourd’hui, nous sommes à 10-12 €/kg et nous ne produisons que 5 à 10 % des besoins, révèle André Pinatel. De gros utilisateurs nous ont contactés et même si le prix devait un peu baisser, il serait compensé par les volumes. »

Comme pour l’olive la prudence a été de mise pour ce plan de relance avec une limitation des surfaces plantées à 5 ha par agriculteur pour ne pas saturer le marché.

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Dossier réalisé par Alexandra Gelber paru dans L'Espace Alpin n° 455 du vendredi 26 avril 2024